Il y a 40 ans, le Valais ouvrait le dossier le plus cuisant de son histoire viticole: l'affaire des Vignes maudites. Le Fendant de la colère. Des hectares brûlés au désherbant par les pilotes des glaciers sur ordre de Berne et de Sion. Soixante vignerons prennent le maquis. Certains feront feu. Quarante au banc des accusés. L'affaire ira en cassation au tribunal fédéral à Lausanne. Tous condamnés. Malgré les supplications, on verra cinq conseillers d'Etat, alignés en justice, confirmer la plainte. Au cours d'un meeting. Trois mille personnes réclament leur démission en bloc. Même la Pravda à Moscou relate les faits. Le drapeau valaisan et la Bible seront arrosés d'essence et brûlés sur la place publique aux cris de la foule. Une odeur de souffre et d'encens. L'écrivain Maurice Zermatten attaque le Figaro à Paris. Le pilote Hermann Geiger, l'Aigle du Valais, cité devant le juge. Des coups de feu tirés par la police et par les résistants. Journaliste à Sion, Pascal Thurre ouvre des archives jusqu'ici interdites et complète l'enquête. L'artiste bâlois Paul Erni accepte d'illustrer ce dossier, toujours fumant, en raison des probèmes posés, aujourd'hui encore à la vigne suisse, en matière de cadastre, de surproduction et d'appellations d'origine contrôlée. Un livre détonnant. On est au pays où le cep n'a pas le droit de mourir.